Expo solo dans l 'espace M9 , installation 250 organes génitaux dimensions 7x12cm
et d'empreintes en terre/platre/encre de chine / acrylique dimension 25x40cm
L’empreinte digitale, unique et personnelle, est une cartographie de l’identité. Elle trace des courbes, dessine des boucles, et imprime sur la peau une signature propre à chaque individu.
Chaque empreinte représente un individu, une identité propre indissociable de sa personne. Une empreinte digitale est le moyen utilisé pour nous reconnaître : une photo ne suffit pas, un genre non plus, mais l’empreinte reste avec nous toute notre vie. Elle ne change pas de forme, elle résiste au temps, aux apparences, aux transformations du corps. Elle est l’écho silencieux de notre être, constant et fidèle.
Dans mon projet, j’ai réalisé différents types d’empreintes digitales que j’ai volontairement cassées, puis recollées. Ce geste symbolique évoque les fractures de la vie, les fissures invisibles, les ruptures intimes d’une existence. En quelque sorte, des lignes de vie, plus ou moins chaotiques, tristes ou joyeuses. Chaque cassure raconte une épreuve, chaque collage une résilience. L’empreinte devient alors un miroir sensible de notre parcours.
Tout comme elle, les représentations des organes sexuels féminins et masculins racontent une histoire d’unicité et de diversité. Formes naturelles et variations infinies, ces représentations sérénent la complexité du corps humain, reflets d’une identité profonde. Elles mettent en lumière les joies et les souffrances des corps et des êtres humains auxquels ils appartiennent, témoignant des expériences intimes inscrites dans la chair.
Ce qui définit l’humain depuis toujours, c’est cette double appartenance : une identité inscrite dans la peau par l’empreinte digitale, et une identité sexuelle, traditionnellement liée au corps. Mais aujourd’hui, les repères bougent. Le genre, autrefois perçu comme binaire, se révèle infiniment plus fluide. Transidentités, non-binarité, pluralités de parcours… les normes explosent et laissent place à une nouvelle lecture de soi. Cette richesse soulève aussi des tensions, parfois profondes, où l’identité devient source de trouble, d’incompréhension, voire de souffrance. Les santés mentales s’en trouvent affectées, rendant le questionnement plus que jamais actuel : qui sommes-nous vraiment ?
Ces formes ont été réalisées au fil de rencontres dans mon atelier, par des groupes d’individus de tous genres, âgés de 14 à 70 ans, dans la joie et la bonne humeur. Ensemble, nous avons modelé, échangé, partagé. Ce processus de création a été profondément humain : il a donné lieu à des discussions spontanées, intimes, parfois bouleversantes. Nous avons parlé des violences faites aux femmes, de la découverte de son propre corps, des tabous qui nous enferment, des non-dits qui pèsent, et de tous ces sujets que l’on tait souvent parce qu’ils semblent trop, ou pas assez, personnels. Les maladies liées à la sexualité – IST, VIH, cancers génitaux – ont aussi trouvé leur place dans ces échanges, brisant le silence autour de réalités trop souvent stigmatisées. Par des représentations souvent comiques, nous avons tenté d’alléger ces sujets lourds, de les rendre visibles autrement. Le travail plastique est devenu un espace de libération, où les mains sculptaient pendant que les cœurs s’ouvraient.
Ce travail plastique est aussi un travail de libération. Des mots sont nés, des langues se sont déliées. Le geste artistique est devenu prétexte à la parole, la sculpture un vecteur d’écoute. C’est dans cet espace de confiance que les formes ont pris vie.
Chaque empreinte digitale est un chef-d’œuvre biologique, une géographie singulière qui nous distingue. De même, les formes génitales, loin des stéréotypes, manifestent une variété naturelle. Dans ces lignes et reliefs, la diversité humaine s’exprime pleinement.
Les volutes des empreintes et les contours des corps partagent une même poésie organique. Des arcs, des spirales et des sillons révèlent la manière dont la nature façonne, sculpte et dessine.
Si les empreintes digitales sont souvent perçues comme la preuve ultime d’une identité, les représentations sexuelles, elles aussi, ont servi de marqueurs identitaires à travers l’histoire. Mais au-delà des catégories, elles célèbrent aujourd’hui l’individu dans toute sa complexité.
Toucher une surface pour y laisser une trace, ou se révéler dans l’intimité d’un regard posé sur soi… Dans ces deux gestes, il y a une rencontre, une vulnérabilité, et une acceptation de ce qui nous rend unique.
Sous l’apparente simplicité d’une empreinte ou d’une forme corporelle, se cache une complexité fascinante. Chaque ligne, chaque relief est le témoignage d’une évolution, d’un héritage biologique et personnel.
Et peut-être qu’au final, tout comme nos empreintes digitales, nos représentations les plus intimes nous rappellent une chose essentielle : personne n’a la même configuration, et c’est précisément ce qui rend chacun inoubliable.
Empreintes
Chaque empreinte représente un individu, une identité propre, indissociable de sa personne. L’empreinte digitale est unique, permanente, inaltérable. Elle nous suit toute notre vie, là où le visage peut changer, là où le genre peut évoluer, elle demeure. Une photographie, un nom, un genre ne suffisent pas à nous définir pleinement. Mais l’empreinte, elle, résiste. Elle est une constante silencieuse de notre existence.
Dans ce travail, j’ai réalisé différentes empreintes digitales, chacune pensée comme un autoportrait abstrait. Certaines ont été volontairement fracturées, puis recollées. Ces gestes plastiques symbolisent les épreuves de la vie : les blessures, les cicatrices, les chocs, mais aussi les réparations, les reconstructions, les renaissances. Les lignes brisées deviennent des lignes de vie, des trajectoires humaines chaotiques, faites de chutes et de relèvements.
Ces empreintes « réparées » montrent que l’identité, même stable en apparence, porte en elle l’histoire d’un corps, d’un vécu, d’une mémoire. Derrière chaque motif, il y a un chemin de vie, parfois tortueux, parfois lumineux. C’est cette dualité que j’ai voulu faire apparaître : la permanence de l’identité, et les fêlures qui la traversent.
Chaque pièce est une cartographie intime. Un territoire personnel, marqué, vivant, et pourtant universel.
Une empreinte pour rappeler que, malgré nos différences, nous avons tous en commun cette trace indélébile qui raconte qui nous sommes.
Suite à mon installation « Déesses Vulva » présentée à La Fraiche à Auray lors de l’événement « Rage Against the Machism », j’ai eu envie de prolonger cette réflexion en explorant cette fois-ci le versant masculin. Le but ? Utiliser le même processus artistique et voir ce qui en ressort, en miroir, en contraste, en dialogue.
Le projet se construit autour de la sculpture de phallus, réalisées en groupe ou en solo dans mon atelier. Après une brève introduction, chaque participant·e dispose de 20 à 30 minutes pour créer sa pièce.
Mais attention : ici, ce n’est pas le résultat final qui compte, c’est le processus, le moment partagé, et surtout les discussions qui émergent. On aborde des sujets intimes, puissants, rarement mis sur la table — et on le fait ensemble, dans un espace bienveillant, libre, sans jugement.
Ce projet est interactif et collectif : chaque personne présente devient une partie de l’œuvre. Certaines séances ont été enregistrées, et les paysages sonores issus de ces échanges peuvent être écoutés lors des expositions.
Une œuvre vivante, brute, intime.
Un espace pour parler vrai, sculpter libre, et déconstruire en douceur.
